18h30 - 19h30
Conférence - Femme qui danse, corps en transe : mouvement et féminité dans les performances gnawa à Bruxelles par Hélène Sechehaye.
La communauté confrérique marocaine des Gnawa est connue de par le monde pour ses rituels appelés lila (“nuit”), lors desquels les mondes visible et invisible sont conviés le temps d’une soirée qui met en scène odeurs, mets, couleurs, danses et répertoires musicaux spécifiques. Les chants sont accompagnés en début de cérémonie par des danses de divertissement. Plus tard dans la soirée s’ouvre le moment des possessions, caractérisées par les transes des adeptes.
Traditionnellement, la pratique musicale et dansée est plutôt l’apanage des hommes, alors que les femmes se dévouent plutôt à la transe. Des études réalisées au Maroc ont fait ressortir les similitudes entre le fonctionnement des mouvements de danse et de transe, qui se rapprochent d’un point de vue structurel mais qui sont diamétralement opposés dans la symbolique et les discours des adeptes. Ainsi, le corps en transe n’est pas censé être considéré d’un point de vue charnel, à la différence d’un corps qui danse.
Depuis plusieurs années, la pratique musicale s’ouvre aux femmes, qui s’y investissent au point de rivaliser avec leurs collègues masculins. Dans cette communication, Hélène Sechehaye exposera les observations résultant d’un travail de terrain réalisé depuis 2014 auprès de musiciens et musiciennes Gnawa à Bruxelles actifs notamment au sein de l’association MetX, où les projets impliquant de la musique gnawa comptent de plus en plus de femmes.
Plusieurs questionnements seront exposés et discutés. Qu’en est-il de la pratique dansée féminine ? Suit-elle les mêmes chemins que la pratique chantée et instrumentale ? Se distingue-t-elle de la pratique dansée masculine ou se calque-t-elle sur ses modèles ? Comment le corps qui danse est-il perçu et façonné au regard du corps féminin en transe omniprésent dans esprits ?
Hélène Sechehaye est doctorante en musicologie, en cotutelle entre l'Université libre de Bruxelles et l'Université Jean Monnet de Saint-Étienne. Sa thèse porte sur les pratiques musicales gnawa à Bruxelles.