Sommaire

VIEILLISSEMENT
VOIR LE VERRE À MOITIÉ PLEIN
 
Interview de Stéphane Adam 

VIEILLIR EN BELGIQUE, QUAND ON VIENT D’AILLEURS 
Interview de Sylvie Carbonnelle 

AÎNÉ·ES & PROFESSIONNEL·LES : LA PERSONNE AU CENTRE 
Entretien avec Simon Erkes et Annalisa Casini 

SE SERRER LES COUDES ENTRE GÉNÉRATIONS 
Cayetana Carrión 

COSMOS, UN ESPACE DE RENCONTRE ENTRE SENIORS 
Aïcha Aalouchi

« ON DOIT S’Y PRÉPARER, À VIEILLIR DANS SON QUARTIER 
Relinde Raeymaekers 

MAISON BILOBA HUIS, UN LIEU OÙ VIEILLIR DIGNEMENT 
Rencontre avec Hélène, Bernard Vercruysse, Nathalie Parmentier, Sonia De Clerck et Sophie Hecq 

PRÉCARITÉ ET DIGNITÉ SONT-ELLES COMPATIBLES ? 
Nicole Tonneau 

PETITES COUPURES 
Anne Hoogstoel 

« EN FAIT, ÊTRE VIEUX, POUR MOI, N’EST PAS TROP DÉSAGRÉABLE » 
Guy Timmermans 

LA VIEILLESSE, VUE PAR LES APPRENANT·ES DE L’UPA 
Entretiens avec Hafida, Mohammed et Uta, par Nora Jribi 

QUAND LES JEUNES DE L’UPA S’EN MÊLENT 
Paroles des enfants du soutien scolaire, par Matías Silva Rojas 

Edito


VIEILLIR DIGNEMENT…
TOUTES ET TOUS CONCERNÉ·ES

Céline Teret
Coordinatrice du pôle production & conservation des savoirs à l’UPA

La gestion de la pandémie Covid a, plus que jamais, jeté une lumière crue sur la (non) place des personnes âgées dans notre société. Bousculé, notre regard sur ce que « nous faisons de nos vieux »… En 2019, déjà, dans un film « Guy, Maguy, Georges… et les autres » (lire p.38), l’UPA s’interrogeait sur l’isolement et la solitude que vivent les seniors aujourd’hui. À l’époque, les Mordu·es de l’UPA étaient parti·es à la rencontre des plus ancien·nes du groupe et des structures qui accompagnent les personnes âgées dans leur vieillissement.

Souhaitant poursuivre cette réflexion amorcée et teintée depuis lors de « crise Covid », l’UPA consacre le présent numéro de sa revue La Mauvaise Herbe au thème : « Vieillir dignement ». Ce numéro se veut à l’image de la vieillesse, présentant des facettes multiples et complexes, à la fois inextricablement liée au parcours de vie de chacun·e, mais aussi imprégnée de ce que la société dit et fait de ses aîné·es.

Parfois, la vieillesse se situe au croisement d’inégalités. Elle se vivra différemment en fonction des ressources dont on dispose ou non (Précarité et dignité sont-elles compatibles?, p.34), si l’on est un homme ou une femme (la question du genre est présente dans différents articles de ce numéro), si l’on vieillit éloigné·e de son

pays d’origine ou pas (Vieillir en Belgique, quand on vient d’ailleurs, p.10), lorsqu’on est en bonne santé ou, au contraire, touché par la maladie… Il ne s’agit pas de dresser dans ce dossier l’inventaire des éléments qui conduisent à une vieillesse heureuse ou qui l’en éloignent, mais de souligner les inégalités à l’oeuvre pour mieux les comprendre et les contrer. Et de rappeler, aussi, combien un travail collectif sur les représentations sociales du vieillissement est important, pour lutter contre les stéréotypes et les discriminations liées à l’âge (l’âgisme), et inviter à porter un regard positif sur les personnes âgées (Vieillissement : voir le verre à moitié plein, p.5).

À l’image des pratiques d’éducation permanente et de cohésion sociale portées par l’UPA, ce numéro de La Mauvaise Herbe se veut d’ailleurs à la fois un outil de compréhension des enjeux liés au vieillissement afin de mieux lutter contre les stéréotypes et discriminations, mais aussi un espace d’échanges de savoirs déhiérarchisés, entre académiques, associatifs et forces vives de l’UPA. En effet, les voix qui font le quotidien de l’UPA, à travers ses activités pour les enfants et pour les adultes, ont été collectées pour être portées et valorisées (lire p.38, p.41 et p.45), au même titre que les connaissances issues du monde universitaire et des expériences partagées par des

Mauvaise herbe

associations de terrain. Afin de renforcer les liens de proximité et de s’imprégner des réalités proches des nôtres, nous avons également veillé à donner la parole à des associations actives dans le quartier de Cureghem où est implanté l’UPA. Mais parce qu’il est tout autant essentiel de s’inspirer de ce qui se pense et se fait ailleurs, des échos d’horizons plus éloignés ont aussi leur place dans ce dossier. 

La vieillesse, si elle se vit « chez soi », au sein des familles ou en institution, est aussi éminemment politique. Il est donc fondamental de détricoter les enjeux liés à la vieillesse et au vieillissement pour penser les contours d’une société où chacun et chacune a le droit de vieillir dignement. Et de constater que, parfois, il faudra lutter pour (maintenir) ces droits. Pour y parvenir, l’émancipation et l’éducation populaire, tout comme la valorisation des savoirs et savoir-faire en milieu populaire, font partie des leviers sur lesquels mise l’UPA. 

Ce dossier parle aussi de souffrances. Celle des personnes âgées, celle des professionnel·les de l’accompagnement, celle des aidant·es proches (Aîné·es et professionnel·les : la personne au centre, p.15). Accompagner un proche qui vieillit devient parfois un véritable parcours du combattant, lorsque la maladie s’installe, lorsque la mobilité et l’autonomie s’étiolent. Ces réalités ne peuvent être passées sous silence et touchent, là encore, au politique lorsqu’il s’agit d’avoir accès, toutes et tous, à un accompagnement de qualité et adapté. 

L’idée n’est pas de dresser le tableau noir du vieillissement, mais de pointer ce qui fait défaut pour mieux entrevoir les pistes possibles. Et de solutions heureuses, d’alternatives positives, il est également question dans ce numéro au travers notamment d’expériences de terrain, de lieux de rencontre et d’échange qui émergent afin de proposer aux personnes vieillissantes, isolées et précarisées, de vieillir avec dignité (lire Cosmos p.26 et Maison BILOBA p.30). Des espaces de lutte aussi au sein desquelles les « vieux en colère » (p.34) s’organisent et se mobilisent pour faire valoir leurs droits. 

Si La Mauvaise Herbe s’est penchée sur ce thème du « Vieillir dignement », c’est parce que d’une façon ou d’une autre, la vieillesse nous concerne toutes et tous. Même si (malheureusement) tout est fait pour les invisibiliser, nous côtoyons (fort heureusement) des personnes âgées. Et bien plus souvent que ce que nous l’imaginons. Au sein de la famille ou du quartier. En rue ou dans les transports en commun. Nous perpétuons les recettes et les gestes de nos (grands-) parents. Enfants, nous jouons avec eux. Nous apprenons de leurs vécus, nous nous imprégnons de leur sagesse. Subtilement, les liens entre générations se nouent au jour le jour. La transmission se tisse et se montre plus riche encore lorsqu’elle est réciproque, lorsque les plus jeunes et les ainé·es apprennent les un·es des autres (Se serrer les coudes entre générations, p.21). 

La vieillesse est omniprésente, aussi, tant nous sommes voué·es à « prendre de l’âge ». Si tel n’est pas encore le cas aujourd’hui, un jour nous serons nous aussi « ce petit vieux » ou « cette petite vieille » croisée au coin de la rue. Et cette avancée en âge, on la souhaite, pour toutes et tous, peu importe d’où on vient et où on va, la plus digne possible. Parce que nous sommes toutes et tous concerné·es par le vieillissement dans ses multiples facettes, ce dossier de La Mauvaise Herbe, nous l’espérons, résonnera en chacun·e d’entre vous… 

 

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